Défi de l'Oisans, histoire d'une amitié

Grande Traversée du Jura 2009...Cécile Diaféria et moi-même abandonnons sur blessure à la quatrième étape, nos releveurs, trop verts, n'ont pas apprécié l'enchainement des étapes…On aurait pu en rester là...mais quelques jours après, à peine remis, nous échafaudons le projet d'aller terminer notre GTJ tous les deux...ce sera chose faite quelques semaines plus tard...puis de Grand Duc en petite UTMB, une amitié se forge, nous nous retrouvons en mai 2011 sur 2 étapes de la GTJ, Michaël nous a rejoint...

L'idée de participer au défi de l'Oisans est tombée comme ça, un matin, et tout naturellement, j'ai appelé Cécile, la seule personne que je connaisse susceptible de me suivre dans mes paris pouvant paraitre fous, à des gens dits «normaux»...

Mais notre folie est saine... se dépasser, partager un effort, s'extasier devant des paysages que l'on est allé chercher, se confier, découvrir d'autres personnes que notre regard n'aurait peut être jamais croisé, douter, s'encourager...

Et surtout se sentir libre, courir sur les montagnes, dans la nature, avec le vent, la pluie, la neige, le soleil qui se lève puis se couche, la nuit qui nous enveloppe...

Bien sur, nous portons des dossards, courrons après le temps qui file, allons instinctivement chercher la personne qui est là-bas, devant, allons puiser au plus profond de nous les forces nécessaires pour aller toujours plus loin, plus longtemps, plus vite...

Avec les années, notre perception de la course à pied évolue, notre soucis de partager nos efforts, d'être ouvert aux autres prend le pas sur la satisfaction toute personnelle d'être allé à la rencontre d'une ligne d'arrivée tellement futile...

C'est dans cet esprit que nous sommes partis, ensemble, ne faisant qu'un pour servir la cause de l'association Ninon Soleil, les yeux grands ouverts sur les magnifiques paysages de l'Oisans, avec la pluie, les cols, les descentes dans la nuit, les blessures, les fins d'étape sur le goudron, les sourires des bénévoles, les encouragements chaleureux dans les villages et les refuges, les regards ébahis des randonneurs croisés sur le GR54...

Trois journées d'une rando-course magnifique, 180 km, 12500mètres de dénivelé, 14 cols, 260 partants, une organisation hors paire, du bonheur en barre...Vous relater toutes les impressions, les sensations, les émotions, vous décrire chacune des vues et chaque passage de col serait sans intérêt tellement nous avons vécu tout ceci de l'intérieur...c'est aussi ça, la magie du trail, des moments tellement forts et uniques qui ne se partagent qu’à travers l’émotion....

Cécile, sereine et déterminée, rejoindra les 2 Alpes en 70h, accompagné sur la partie finale par Michaël, son pacer; mes deux compagnons de voyage auront dignement porté la flamme jusqu'au bout, pour Ninon Soleil, pour des adolescents leucémiques, lesquels, grâce à l'argent récolté, verront leur quotidien amélioré modestement...Pour ma part, la fatigue aura eu raison de mon acharnement, la course s'arrêtera au 150ième kilomètre...mais comme en 2009, je retournerai bientôt terminer l'inachevé...