dimanche 10 juillet 2011

Restonica trail

Il est toujours difficile de raconter un trail, de poser sur le papier les émotions et sensations d’après-course…Pour celui-ci, la tâche s’avère ardue, les paysages, une semaine après, défilant encore, les mots d’encouragements résonnant comme un écho, les odeurs persistant, la fraîcheur des torrents m'appelant…
Corte, samedi 2, 4h30, Dawa arrive avec Annie; Claude Blanc, ses filles Perrine et Chloë, Florian Béliard me rejoignent, le Népal et le Jura sont là… Sur la ligne de départ, Dawa toujours aussi humble souhaitera quelques minutes plus tard une bonne course aux 130 inscrits…
C’est parti… Nous quittons rapidement la ville encore endormie pour une montée raide et sinueuse, 1400m+ pour 6,2km, Perrine me rejoint, nous nous quittons vers l’arche de Scandulaghju avant une  première descente technique… Le lever de soleil est magnifique, le granit prend des tons rosés, et il y a les odeurs, les voix corses qui nous encouragent et nous rassurent avec un timbre calme et chaleureux… Nous sommes à 1790m, partis il y a si peu de 426m…

Les Bergeries de Padule, premier ravito, sont passées, puis celles de Cogna, de Bonniace… Je me relâche un peu dans une descente raide et technique, mon tibia vient taper dans un bloc, une bonne coupure bien nette, c’est le réveil du matin, ça coule mais je continue… Il va falloir rester vigilant, les sentiers sont très agréables mais très techniques, encombrés de cailloux et de blocs, de plantes rases et piquantes, rares sont les endroits où l’on peut vraiment courir l’esprit détaché… 16km, je suis seul, longeant le Tavignano, montant petit à petit à travers une forêt de pins jusqu’à un plateau à l’herbe rase ou pâturent des chevaux sauvages, c’est le lac Ninu (1900m) et ses pozines que nous contournons, le km 30 est atteint…



Un petit sentier très sympa nous permet de trottiner jusqu’au refuge du Manganu, là, j’apprend que Dawa est passé en tête il y a…3 heures…une longue, longue montée commence à travers les amoncellements de blocs, la progression est lente jusqu’à la brèche de Capitello, nous entendons des encouragements au loin, quand nous arrivons à localiser le point de passage, nous avons, mon compagnon et moi, comme un moment de flottement…là haut ?.. Le col de Bocca Ale Porte (2430m), point culminant du GR20 (une pensée pour les Crapast, partis pour une tentative en 5 jours) est atteint, petite pause au sommet pour admirer les lacs de Melo et Capitello. Nous amorçons la descente, raide avec des enchainements de blocs, il faut parfois jeter les bâtons plus bas pour les récupérer ensuite…je galère avec l’impression d’être maladroit et scotché… Le final se fait grâce à une corde jusqu’à un névé semblant vouloir faire durer l'hiver…nous contournons le lac de Capitello, puis atteignons non sans mal celui de Melo, de nombreux promeneurs nous encouragent, les bergeries sont là, avec un nouveau ravito et des…kiné!…



Quitte à perdre un peu de temps, je décide de rester 10mn pour un massage et bien m’en prendra car sitôt reparti, je sens que j’ai à nouveau des jambes, je gambade de blocs en blocs, je rattrape des concurrents… Une longue descente facile et ludique et nous abordons la dernière grimpée, 900m + jusqu’à « Chez César » dernier gros ravito, moment super sympa avec le berger, il nous reste encore 14 kil plutôt descendant… Comme sur l’Ultra du Beaufortain l’an passé à partir du km 70, je me sens pousser des ailes… J’ai une pensée émue pour Louis-Xavier qui nous a quitté la semaine dernière, pour Nima et les enfants, et aussi pour Dawa car je sais qu’il a gagné (8h26 avec le sourire!)... Malgré une blessure au pied qui me lance et que j'essaie d'oublier, je vais prendre grand plaisir à courir dans les gorges du Tavignano, les chemins sont roulants et je peux trottiner dans les rares montées, les lumières de Corte ne se dévoilent qu’à la fin, je sors la frontale et pénètre dans la cité… Le final est grandiose, unique, émouvante, les applaudissements et encouragements venant des terrasses des restaurants me portent jusqu’à la rue principale, après avoir dévalé les rues pavées, j’aperçois l’arrivée… Il m’aura fallu 16h45 pour couvrir 68 kms de vrai bonheur ! La famille Blanc (Claude, ce gamin, gagne en V2) m’attend, le speaker glisse quelques mots sur « Courir pour le Népal » et vante notre action… J’ai le temps de remercier les organisateurs et les bénévoles, puis d’aller boire quelques « Pietra » avec mes amis, non sans une pensée pour Patrick Bohard qui n’a pu prendre le départ de Verbier Saint Bernard… Déjà, mon esprit s’envole vers l’Oisans qui m’attend fin juillet, 185 kil et 12500m de den+, j’ai juste le temps de récupérer de me remotiver…  Bruno

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